L'École Intégrée des Sourds de Porto-Novo

Franziska Sophie H., volontaire allemande en 2010-2011,enseignante en Allemand et maîtresse de Maternelle 2

En tant que volontaire allemande envoyée par la coopération benino-allemande, le temps que j’ai à passer à l’école est compté, c’est exactement un an. Je travaille chaque jour quelques heures à la maternelle 2, en soutenant les maîtresses en ce qui concerne l’apprentissage, chansons, jeux, dessin, etc. Au collège j’enseigne l’allemand. Je garde la 6ème, la 2nde et la 1ère et je soutiens la professeur d’allemand en 3ème et en 4ème parce qu’elle ne maîtrise que un peu la langue des signe. De plus j’anime une fois par semaine l’atelier-dessin avec les internes.

Ce que j’aime, ce qui me passionne, c’est la langue des signes. Arrivée deux mois avant la rentrée, j’ai suivi (comme les autres nouveaux enseignants) une formation de la langue des signes. À mon avis, c’est la langue la plus logique du monde, et aussi la plus esthétique. On signe le sens, on laisse danser les mains, et finalement, on se comprend.

La langue des signes, langue maternelle des sourds, est la clé pour leur monde. Mais pour avoir des signes communs, il faut l’apprentissage, il faut l’école. La semaine passée j’ai rencontré un sourd plus âgé qui ne comprenait même pas « bonjour », et en maternelle je vois comme il est difficile d’enseigner les signes avec les petits dessins etc. Donc l’école et le contact avec les autres, c’est la chance pour le sourd d’appendre à communiquer en utilisant leur langue commune. Je suis heureuse d’avoir, grâce à cette langue, l’entrée aux monde des sourds, et j’aime le travail avec eux, qui est chaque jour un petit défi : comment leur enseigner une langue étrangère, qu’ils ne vont jamais entendre ni parler ? Chapeau !

À mon avis, beaucoup de gens doivent faire l’effort d’apprendre la langue des signes pour pouvoir communiquer avec les sœurs et frères sourds, pour pouvoir les intégrer dans le monde des entendants, en gagnant la clé pour leur monde. Je suis constamment impressionnée par cette langue des signes devenue langue commune de sourds et d’entendants dans le système d’intégration de cette école. Même si on peut observer qu’ils restent souvent entre eux, ils peuvent communiquer et s’aider. Les entendants n’aiment pas du tout que les sourds soient meilleurs, mais de temps en temps ils doivent accepter. Pour encore améliorer la communication et l’intégration, il faut suivre régulièrement (c’est prévu) des cours de langue des signes, aussi bien les élèves que les enseignants. Puisque j’ai appris moi-même, c’est bien qu’il est possible d’apprendre la base de cette langue en peu de temps.

À mon avis, les entendants et les sourds profitent tous du système d’intégration. Pour les sourds c’est important qu’il y ait aussi des entendants capables de communiquer avec eux, de les aider, de les comprendre.

Grâce au système d’intégration, les entendants reçoivent la clé pour le monde des sourds, et il me semble qu’ils y gagnent en plus une certaine sensibilité envers leur prochain.

Le volontariat est planifié pour un an. Arrivée en août, je repartirai en Allemagne à la fin du juillet.

Dans ma 2nde il n’y a que deux sourds et en 4ème et en 3ème je m’occupe surtout des sourds car la professeur ne maîtrise pas leur langage. Donc le contact avec eux est très proche et intense. J’essaie tout pour qu’ils aient la même chance de compréhension que les entendants. Avec le temps se sont développées des relations amicales, et aussi après le cour nous échangeons souvent.

En allant parfois avec les sourds à l’église, j’ai fait en plus la connaissance de beaucoup de sourds qui ne fréquentent plus ou qui n’ont jamais fréquenté. Par hasard j’ai rencontré déjà plusieurs fois des sourds en ville, et, comme ils sont trop contents quand quelqu’un parle leur langue, je me retrouvais vite dans une conversation.

Les expériences, le travail des sept mois passés, étaient instructifs et constituent un grand enrichissement pour moi. Plein de défis et une chance d’apprentissage. Même si c’est souvent fatiguant, je me réjouis du travail et du contact avec les élèves durant les mois restants. Et je sais déjà que je serai triste de tout laisser en juillet. Mais arrivée en Allemagne, je sais déjà où aller pour apprendre la langue des signes allemande.

Pourquoi l’école à Louho?

Mon organisation (le DED, devenu récemment le GIZ) m’avait offert un plein choix de places pour cette année sociale/volontariat. Or je désirais aller en Afrique de l’ouest et dans un pays francophone. En fouillant, le projet ici m’avait sauté aux yeux. La langue des signes m’avait toujours impressionnée et je voyais là une chance unique de l’apprendre et de travailler avec des personnes dont c’est la langue maternelle.