La langue des signes est la langue maternelle des sourds. C’est le seul moyen par lequel ils peuvent être scolariser, éduqués et se faire former professionnellement. La reconnaissance officielle de cette langue revêt donc un intérêt particulier pour eux. C’est pourquoi l’Union Européenne et l’Association Universelle d’œuvres pour l’Épanouissement des Sourds (ASUNOES) se sont donné la main pour qu’un projet de loi devant conduire à la reconnaissance officielle de la langue des signes soit initié. Sachant que dans sa lutte pour un Bénin émergent, le président Boni YAYI n’épargne aucune couche de la société, les sourds s’appuient sur lui comme leur dernier recours pour que ce projet devienne réalité.
« Nous avons rencontré les autorités du ministère de la famille ainsi que les députés à l’hémicycle pour exprimer notre préoccupation. Et si nous demandions également le secours du président Boni YAYI qui est le père de la nation ? »
Ainsi s’exprimait un élève sourd de la classe de première. Ayant approuvé l’initiative, ses pairs se sont joint à lui pour exhorter le premier magistrat du pays à s’intéresser à ce dossier.
En effet, les non initiés peuvent se demander à quoi servirait la reconnaissance officielle de la langue des signes. Et bien, nous tenons à rappeler que dans beaucoup de pays, ce débat est dépassé et cela sonne très mal que le Bénin, pays réputé d’hommes cultivés et très respectueux des droits de l’Homme et de démocratie soit encore à la traîne. Si nous acceptons que les sourds font partie intégrante de la société, il n’y a pas de raison qu’ils ne jouissent des mêmes droits que tout Homme. Or la jouissance de leurs droits passe forcément par la langue des signes qui est par excellence le seul moyen de scolarisation, d’éducation, de formation et de travail des sourds. De plus, la reconnaissance officielle de la langue des signes s’ouvrira sur sa vulgarisation qui résoudra beaucoup de problèmes chez les sourds. Retenez que dans les centres de santé, un sourd ne peut exprimer et faire comprendre à son médecin les maux dont il souffre. De même, il ne peut comprendre les questions qui lui sont posées dans le but de diagnostiquer son mal. La conséquence immédiate est que des sourds décèdent faute de soins appropriés. C’est pareil dans nos juridictions où le sourd mis en cause ne peut se défendre, la victime sourde ne peut expliquer ses intentions et le sourd témoin ne peut relater les circonstances dans lesquelles les faits sont survenus.
Paul AGBOYIDOU