ASUNOES Bénin

Colloque à Porto-Novo 25-31 octobre 2024

Le 4/1/2025

Anniversaire des 30 ans de la fondation de l’Ecole

inclusive des sourds de Louho

A l’initiative d'ASUNOES-Bénin, avec la participation de l’Association Nationale des Sourds du Bénin, des anciens élèves adultes sourds du CAEIS, de membres d’ASUNOES-France et d’ASUNOES-Belgique, de professeurs et élèves de l’IRSA et le soutien de Wallonie-Bruxelles International.



Conférenciers :

- Fabrice Bertin, universitaire français sourd, docteur en histoire, professeur à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales -Paris.

- Ivani Fusellier-Souza, universitaire française, Docteur(e) en Sciences du Langage, Enseignant(e)-chercheur(se) à l'Université Paris 8.

- Alexandre Bloxs, président de la Fédération francophone des sourds de Belgique, en remplacement de Delphine le Maire, chargée des droits humains à la Fédération mondiale des sourds.


Objectifs des activités du colloque :

- souligner l’originalité de l’expérience d’éducation inclusive menée à l’école de Louho et la faire mieux connaître à l’international comme au niveau national.

- interpeller les autorités béninoises sur la mise en oeuvre concrète du soutien à cette expérience qui a fait ses preuves en menant de nombreux élèves sourds (dont une bonne part de jeunes filles) à réussir des examens marquant la fin de leur scolarité primaire et/ou secondaire (dont 18 bacheliers depuis la création du CAEIS), luttant ainsi contre l’analphabétisme et permettant leur insertion sociale et professionnelle.

- renforcer les capacités des jeunes adultes sourds à devenir des partenaires pour discuter des questions les concernant, l’adoption puis l’application des législations dans le domaine du handicap et de l’inclusion. Exercer efficacement une fonction de plaidoyer auprès de leur gouvernement.

- accompagner l’Association des Interprètes et Traducteurs en Langue des Signes du Bénin (AITLS) pour faire reconnaître leur profession.

- plaider pour la reconnaissance officielle par le Bénin d’une langue des signes nationale, le Bénin deviendrait ainsi le premier pays de l’Afrique francophone à le faire.


Programme

Les activités ont eu lieu à l’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo pour les plénières et dans une salle dédiée de l’école de Louho pour la tenue des séances d’atelier.

Ces évènements sont relatés sur la page facebook d’ASUNOES-Belgique et ils ont été l’objet d’une couverture médiatique de TEMOIN ACTU N°078 du 28 octobre 2024, du MATINAL, et de reportages de MORID TV.


A) 25 – 27 octobre : premiers jours de la fête des 30 ans de l'école inclusive des sourds de Louho à Porto-Novo : Caravane le Vendredi 25 Octobre, kermesse le Samedi 26 Octobre et messe d'action de grâce le Dimanche 27 Octobre 2024 – Reportage de Morid TV où interviennent, avec les responsables béninois, des représentants des diverses délégations venant de la France, de la Belgique et du Canada. A remarquer la prestation des interprètes béninois qui permettent la fluidité des échanges en Langue des Signes.


B) Le lundi 28 Octobre 2024 :

Matin : lancement du colloque tenu dans les locaux de l'Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo. Introduction par Raymond Sekpon, directeur fondateur de l’Ecole inclusive des sourds de Louho (CAEIS).

Prestation artistique des enfants du CAEIS (danse).

Interventions successives des différentes délégations : Pascale Dard, présidente d’ASUNOES-France, Nicole Fondeneige-Vaucheret, présidente d’ASUNOES-Belgique, Mme Agnès Badou-Savi, représentante de la Ministre des Affaires sociales, M. David Gaquère, représentant du WBI à Cotonou.

La représentante de la Ministre des Affaires sociales est interpellée pour la reconnaissance officielle de la langue des signes au Bénin. Ce pays deviendrait ainsi le premier de l'Afrique francophone à le faire (après 3 pays en Afrique anglophone). A noter les remarquables prestations en simultané des interprètes béninois et de l'interprète française Laure Boussard, qui ont permis à chacun de s'exprimer selon son mode privilégié de communication.

Présentation du Film documentaire de Cyntia HEGRON «A l’écoute de tes signes »

Après-midi : Conférences

14h-15h

Conférence :

« Savoir d'où l'on vient

pour savoir où on va »

voir lien :

Échanges avec la salle


Fabrice BERTIN, Docteur en histoire

Professeur d’histoire-géographie

(École des Hautes Études en Sciences Sociales - Paris)

15h15-16h15

Conférence :

Comment favoriser l'émergence communautaire et institutionnelle de la langue des signes béninoise

voir lien :

Échanges avec la salle

Ivani FUSELLIER-SOUZA,

Docteur(e) en Sciences du Langage

Enseignant(e)-chercheur(se) à l'Université Paris 8

Membre du laboratoire SFL/CNRS

16h30-17h30

Conférence : « Droits de l’homme et droit à la langue des signes »

voir lien :

Échanges avec la salle

Alexandre BLOXS, président de la Fédération Francophone des Sourds de Belgique (FFSB)

17h30- 18h

Clôture de la journée

Raymond Sekpon


C) Mardi 29 octobre :

Matinée consacrée aux ateliers avec Ivani FUSELLIER-SOUZA, Fabrice BERTIN, et Alexandre BLOXS + 16 participants adultes sourds, membres de l’Association Nationale des Sourds du Bénin (ANSB) ou anciens élèves du CAEIS (documents disponibles en bas de cette page).

Après-midi - Table – ronde : "quelle inclusion scolaire des enfants sourds dans les différents pays" ? Mesures d’accompagnement des États ».

Participants : Paul AGBOYIDOU, Raymond,SEKPON, Cyriaque DADJO, Docteur François Houedo, chef de service à la Direction des examens et concours (DEC) du Bénin, Ivani Fuzeller-Souza, Fabrice Bertin, Pascale Dard (France), Alexandre Bloxs (FFSB), professeurs de l'IRSA (Belgique) et élèves.

L’école de Louho est au départ une école pour les sourds qui s’est progressivement ouverte aux entendants (fratrie, quartier, commune, département). Les bons résultats aux examens dûs à sa pédagogie adaptée, ont contribué à sa renommée. C’est maintenant une référence dans la sous-région africaine. ASUNOES-Bénin travaille à l’inclusion scolaire des enfants handicapés (Programme d’Appui au Système Educatif Béninois (PASEB)) en étant référence pour la surdité. Dans ce cadre, elle accompagne les enseignants qui accueillent des enfants sourds dans leurs classes (en particulier dans le département du Zou).

En France, il n’y a plus d’école pour sourds, les experts déplorent une régression car il n’y a plus de classe où on communique en langue des signes. Les enfants sourds sont en intégration dans des classes ordinaires, le choix est fait sur la technologie, l’appareillage et les implants.

En Belgique, il existe encore 7 écoles pour enfants sourds où la majorité des cours sont donnés en français et en langue des signes (avec souvent deux enseignants différents). Comme en France, des enfants appareillés sont en intégration dans des écoles ordinaires. Les professeurs de l’IRSA insistent sur la différence entre intégration et inclusion ; les élèves expliquent que, faute de maitrise de la LS, les élèves ne se mélangent pas. En Europe, il y a peu d’enseignants sourds. Les européens présents au colloque voudraient importer dans leurs pays le modèle de Louho.

Au niveau des examens, dans les pays européens, les élèves handicapés ont droit à un 1/3 temps pédagogique pour composer et un interprète en LS pour expliquer les consignes. Une discussion s’engage sur la spécificité de la surdité et le fait que la LS n’est pas du français signé. De ce fait, les écrits des sourds sont spécifiques et la correction devrait en tenir compte. Des améliorations d’organisation pratique sont à apporter au Bénin pour le passage des examens. Le représentant de la DEC signale que si des demandes d’aménagement sont à apporter pour les examens de 2025, il faut introduire un document de plaidoyer avant la fin de l’année 2024.

Suite des conférences :

16h45-17h30

Interprétation en milieu scolaire : défis et perspectives

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Didier HEGBE et Association des interprètes et traducteurs en langue des Signes (AITLS)

17h45-18h30

Informatique au service de l’inclusion scolaire et socioprofessionnelle

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Georges VAUCHERET (ASUNOES-Belgique) + Didier HEGBE : Responsable Informatique au CAEIS


D) Merc 30 octobre

Journée entière consacrée aux ateliers avec Ivani FUSELLIER-SOUZA, Fabrice BERTIN, et Alexandre BLOXS + 16 participants adultes sourds, membres de l’Association Nationale des Sourds du Bénin (ANSB) ou anciens élèves du CAEIS. (documents disponibles en bas de cette page)

E) jeudi 31 octobre

Matinée consacrée aux conclusions à tirer des séances d’atelier avec Ivani FUSELLIER-SOUZA, Fabrice BERTIN, et Alexandre BLOXS + 16 participants adultes sourds, membres de l’Association Nationale des Sourds du Bénin (ANSB) ou anciens élèves du CAEIS ainsi que OUOROU BARE Abdel Rahman, juriste, président du Comité National Paralympique du Bénin, lequel avait assuré la formation relative à la CDPH des Nations Unies en mai 2023. (documents disponibles en bas de cette page).

Après-midi - Table – ronde : Quelles conclusions tirer du colloque pour l’avenir ? Participation de l’ensemble des partenaires.

Dans les points très positifs : la qualité des conférenciers, leur complémentarité, leur adaptation très rapide à travailler ensemble et à s’apprécier, leur capacité à apporter des connaissances de façon simple dont la compréhension de la spécificité de la communication visuo-gestuelle. La distinction de la langue des signes béninoise par rapport à l’ASL (dont elle est issue). Le remarquable travail des interprètes en simultané : 4 interprètes béninois qui se sont relayé (tous anciens élèves entendants du CAEIS) et de l’interprète française Laure Boussard (qui a travaillé de façon discontinue). Cela a permis à chacun de s'exprimer selon son mode privilégié de communication, et d’être compris par tous. Les interprètes béninois ont beaucoup appris aux côtés d’une interprète professionnelle engagée bien au-delà des règles habituelles.

L’implication des participants : Alexandre Bloxs s’est dit très agréablement surpris par la compétence des sourds béninois pour devenir acteurs de leur vie. Il a été très important pour les enfants de l’école de voir des adultes communiquer en langue des signes.

La participation de représentants de l’administration ou du gouvernement béninois à plusieurs reprises va permettre de faire avancer la prise en compte des revendications de la communauté sourde béninoise : avec comme exemples la modification des conditions de passage des examens et l’avancement du dossier de demande de reconnaissance de la langue des signes au Bénin au sujet de laquelle un dossier a été déposé à l’Assemblée nationale en 2008,


Témoignage de Gift Sekpon, pour lequel l'école inclusive des sourds des sourds de Louho a été créée par son père Raymond Sekpon il y a 30 ans. A la fin des 4 jours, membres et partenaires s'expriment sur les conclusions à tirer du colloque. Le représentant de l'Association Nationale des sourds du Bénin est surpris qu'en Europe il n'y ait pas une réelle inclusion effective comme l'expérience de Louho. Par ailleurs, un résultat concret est obtenu pour améliorer les conditions de passage des élèves sourds lors des examens.


Quelques liens complémentaires qui pourront vous intéresser :

a- la présentation de la conférence de Fabrice Bertin

b- la la présentation de la conférence d'Ivani Fuselier

c- la présentation de la conférence d'Alexandre Bloxs

d- les interprètes en Langue des Signes (AITLS)

e- le projet de nouvelle salle informatique

f- Rapport d'Ivani Fuselier

g- Rapport d'Alexandre Bloxs

h- une page facebook sur le séjour à Louho, par Sarah Denis (IRSA)

i- une sélection de photos